Fans de la CAN 2015 : Un grand MERCI pour consoler André !
Bonjour André,
Qu’on se le dise déjà dès
le départ, pour que ce soit bien clair : je ne suis en aucun cas un addicto-spécialisto
footbologue. Tu sais, ceux-là qui connaissent les noms de tous les joueurs au
monde, connaissent leurs parcours professionnels, peuvent raconter, à l’image
près, n’importe quelle séquence de match, et qui s’appellent entre eux, les « connaisseurs
du foot »). A la base, je joue et suis fan de Basket. Mais comme j’aime Les
Sports, je regarde le foot et suis fan du PSG et des Panthères du Gabon, mon
pays d’origine. Le reste ne m’intéresse vraiment pas : la Copa, la Liga,
le Calcio, la Premier League, et même la Champion’s League. Je ne regarde que
les matchs les plus médiatisés, comme les « classicos » du Real face
au Barça, ou les phases de demi-finales, et, au mieux, les finales.
Cela étant, comme la
majeure partie des jeunes du continent, j’ai prêté une attention particulière à
la CAN que tu viens de jouer. Durant les deux derniers mois qui ont précédés ce
grand événement continental, j’ai eu vent, à la télé, à la radio, et sur
internet (sites de presse, blogs, réseaux sociaux), beaucoup de commentaires et
de pronostics qui donnaient de très grandes chances à votre équipe. En vérité,
je n’y ai que vaguement prêté attention : « beaucoup trop d’informations,
pas très utiles dans la vie courante, à retenir », me suis-je dis. Mais curieusement,
je me souviens d’un document que j’avais regardé au journal Afrique de TV5Monde,
juste à la veille de la rencontre d’ouverture de la compétition. Dans celui-ci,
intervenait d’abord Hervé Renard, sélectionneur des Éléphants de Côte-d’Ivoire,
qui disait ne pas être inquiété par l’équipe du Ghana. Un autre joueur de la
même sélection suivait et confirmait cette confiance en la supériorité
ivoirienne sur votre équipe. Enfin, je me rappelle que l’élément suivant te
montrait dans une interview accordée à InfoSport, je crois. Je me suis dit, en
te voyant, que ton aspect physique (blouson en cuir, diamants aux oreilles)
rejoignait quelque peu l’image d’arrogant que certains veulent bien te coller. Mais
en regardant bien, j’ai remarqué par la sérénité de ton visage quand tu
expliquais que vous étiez là pour aller le plus loin possible. Je me suis dis : « il
a intérêt à conduire ses coéquipiers jusqu’au bout pour confirmer ses dire, le
jeune André ».
L’euphorie du début de
la compétition m’a donné envie de regarder les premiers matchs. Après, les occupations
habituelles ont repris le dessus. Je ne peux donc pas dire que j’ai vraiment
suivi cette CAN 2015 dans son intégralité. Les Evènements qui m’ont vraiment
marqué, sur tout le tournoi, sont les éliminations de l’équipe des Panthères,
mais aussi de celle des Lions du Sénégal. La première, celle de mon pays de
naissance, était donnée favorite dans son groupe, qui comptait le Burkina-Faso,
la République du Congo (Brazzaville) et la Guinée-Equatoriale, pays organisateur. Je
m’étonne qu’après avoir vaincu les Étalons du Burkina, seule équipe qui pouvait
vraiment leur faire peur dans ce groupe, ils se soient affalés devant les deux
autres. Le cas du Sénégal (pays où je vis actuellement) n’est pas très différent : ils ont réussi
à vaincre le grand Ghana, mais n’ont pas pu faire la différence devant l’Algérie
et l’Afrique du Sud. Après ces deux éliminations, j’avoue que je me suis
déconnecté de la CAN et que je n’ai recommencé à la regarder qu’à partir des
demi-finales. Et là, quelle n’a pas été ma surprise !
Surprise d’abord
agréable en voyant la R.D Congo à ce niveau de la compétition. Encore plus
agréable en suivant la prestation des Diables Rouges face à la Côte-D'Ivoire !
Ils ne l’auraient pas volé, cette place en finale. Mais l’expérience de l’équipe
ivoirienne a eu raison de leurs ambitions. L’autre surprise a été la
Guinée-Equatoriale : je me demande toujours comment elle est arrivée là ! Evidemment, elle n’a rien pu faire devant une équipe aussi brillante que la
votre. En parlant de la Guinée-Equatoriale… Après les incidents de la rencontre
qui vous a opposée, j’ai vu beaucoup de réactions qui m’ont un peu choqué, de
la part de mes frères Gabonais. Il faut que je t’explique que jusqu’aux années
2000, mes compatriotes voyaient leurs voisins les plus proches comme un peuple
de villageois non-civilisés. Ce n’est que depuis que le pays a commencé à avoir
un essor économique résultant de son activité pétrolière que les Gabonais ont
commencé à regarder ceux qu’ils appellent « Equatos » avec un peu
plus de sérieux. Avant, ce nom était considéré comme une insulte à Libreville :
lorsque quelqu’un te lançait « espèce d’équato », tu avais à laver un
des pires affronts qui soient! Étrangement, après la défaite de l’équipe du
pays hôte de la CAN, j’ai lu beaucoup de posts sur Facebook qui rappelaient
cette époque sensée être révolue. Je trouve ça quand même désolant qu’on soit
capable de remarquer que « l’équato ne changera jamais », qu’il « est
et restera équato », mais qu’on ne constate pas que nous aussi, sommes
restés ceux-là qui montrent du doigt et méprisent d’autres Êtres humains, juste
du fait de leur nationalité !
Mais bon, revenons au
ballon rond… Après les demi-finales, l’affiche ultime de la compétition était
des plus alléchantes et des plus prometteuses : Côte-D’ivoire - Ghana. Alléchante
si l’on tient compte du fait que ce sont deux équipes qui, depuis 2006, se
retrouvent presque souvent en finale ou en demi-finales, et qui ont, depuis,
une grande envie de remporter ce trophée. Et prometteuse lorsqu’on sait que ce
sont deux équipes très professionnelles, avec beaucoup de talents et un
véritable jeu collectif. D’ailleurs, durant toute la compétition, le Ghana n’a
perdu que son premier match, contre le Sénégal, et son adversaire de ce
dimanche soir, lui, n’ayant perdu aucun des sien.
CP: RTL.fr/sport/football |
Ce Dimanche soir, à 19h00,
j’étais donc devant l’écran de télévision. Ma voisine, avec laquelle je le
suivais, au début, m’a demandé laquelle des deux équipes je supportais. « Aucune,
lui ai-je répondu. Les deux méritent de gagner alors que le meilleur gagne ! »
Mais, au fil de la rencontre, je me suis surpris à vous encourager. Me disant
qu’il faut encourager les plus jeunes à faire de leur mieux. Cependant, je me
suis dis que, s’il fallait aller au de-là des 90 minutes, je ne regarderais
plus la rencontre, car, pour moi, après cette période, beaucoup trop de paramètres
entrent compte pour juger de qui est vraiment supérieur à l’autre (fatigues
accumulées, stress, chance…). Au coup de sifflet annonçant la fin de la
deuxième mi-temps, je me suis donc levé et suis passé à d’autres occupations.
Lorsque je me suis
retrouvé à nouveau devant la télé, chez un ami, c’était le début de la séquence
des tirs aux buts. Franchement, j’ai été époustouflé : onze tirs pour
chacune des équipes ! C’est que les tireurs et les gardiens ont dû se
donner bien du mal ! Et cet épilogue, digne d’un scénario hollywoodien !
Je n’ose même pas le commenter ! Je peux juste dire que, après un
démarrage assez timide, et compte tenu des complications de dernière minute que
nous connaissons (refus d’assurer l’organisation de la compétition par le Maroc
à cause du virus Ebola), cette CAN 2015 nous a finalement gardé le plus beau
spectacle pour la fin ! Félicitations aux vainqueurs, qui le méritent
bien, surtout à ce nouveau sorcier africain d’Hervé Renard : deux CAN d’affilé
avec deux équipes différentes, il faut le faire ! Félicitations aussi aux
vaincus, qui le méritaient autant ! C’est bien dommage que la CAF ait
sanctionné le Maroc aussi sévèrement, parce que, d’avoir manqué l’occasion d’abriter
une aussi belle fête du football, c’est déjà en soit une sanction !
Mais quand même…
Mais quand même, il y a
des petites choses qui m’ont un peu énervé durant cette soirée de finale de CAN
2015. Ce sont les effusions de larmes constatées dans chaque camp. D’abord,
chez les Éléphants : les gars, je comprends votre émotion, mais ce n’est
pas utile de venir étaler vos vies en direct, sur Canal+ ! Il n’est pas
nécessaire que nous sachions que votre mère a souffert de votre inactivité ou
que vous avez récemment perdu un proche !
De votre côté, et c’est
là pourquoi je m’adresse directement à toi, André, ce sont tes larmes qui m’ont,
bien sûr, émues, au début, mais qui ont finis par m’agacer. Surtout que, bien
avant, tu étais passé de la sérénité, à l’interview d’InfoSport, à la confiance,
affichée durant les rencontres de quart et de demi-finales, et même à la
défiance, rendue à Copa Barry, gardien des Ivoiriens, qui cherchait à t’intimider
(rappelle-toi maintenant de cette parole biblique lorsque tu seras à nouveau
dans ce genre de situations : « l’humilité précède la gloire »).
Tu as montré pendant toute cette CAN que tu es devenu un homme et que tu n’es plus
le petit Ayew, mais un joueur d’envergure et, sans conteste, un leader. C’est
dur de perdre, mais tu es sûr d’avoir maintenant matière à apprendre et à
évoluer. Alors, je demande à tous les fans de foot, les supporters, tant de la Côte-D’ivoire,
du Ghana, du Cameroun, du Gabon, du Sénégal, du Mali que de la
Guinée-Equatoriale de te dire avec moi, à toi et à tes coéquipiers, un grand
MERCI pour votre formidable prestation !
CP: RTL.fr/sport/football |
A toi, je ne dirais que
ceci : maintenant que tu as pleuré, comporte-toi en grand : sèche tes
larmes, ramasse tes crampons et retourne au travail sur le gazon !
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