Les nouveaux enfants de la télé
Bonjour les Êtres humains !
Le sujet qui nous intéresse
aujourd’hui est le rapport qu’ont, de nos jours, nos enfants, petits frères et
petites sœurs (pour ceux qui en ont encore dans l’âge de l’enfance) avec la
télévision et les écrans, de manière générale. Je me considère un peu comme un
enfant de la télévision, ce que certains bien-pensants occidentaux, qui mettent
tout le monde dans des boites ont appelé la génération Y. En effet, nous qui
sommes nés dans les années 80, avons un rapport avec la télévision que nos
parents ne comprennent pas trop bien. Nous avons quasiment tout appris de la
vie à travers elle, et aujourd’hui, nous faisons la même chose avec nos
enfants. Or, ces derniers font l’expérience de ce qu’on appelle l’avantage de
l’arriération : leur génération, confronté aux technologies de l’internet
et aux nouveaux terminaux que sont les smartphones et les tablettes numériques,
apprennent et comprennent ces nouveautés beaucoup plus vite que nous, et de
plus en plus tôt, au point de me demander si nous avons la capacité d’assurer
notre responsabilité de parents face à cette évolution rapide et peu maîtrisée.
Car, je me suis rendu compte, depuis plus d’une année que je discute de ce sujet
avec les gens de mon entourage, qu’il y a un constat qui est évident : nos
enfants passent de plus en plus de temps et ce, depuis le plus jeune âge,
devant les écrans.
Quel que soit l’âge des enfants,
vous constaterez, en entrant dans n’importe quelle maison qui possède un
téléviseur, que tous, hors-mis peut-être, les nouveau-nés, connaissent les
programmes télé quasiment par cœur, et ont leurs favoris. Des lycéens et
collégiens, en passant par ceux du primaire, et même les plus jeunes de la
maternelle. Vous me direz, comme la plupart de ceux avec qui j’ai abordé le
sujet, qu’il est bien normal que les enfants regardent la télévision.
D’ailleurs, lorsque vous demandez à des parents pourquoi ils en achètent une,
ils vous diront presque tous que la première de leurs raisons est d’occuper les
enfants.
Car, voilà bien une de mes
préoccupations : pourquoi les parents mettent des enfants de maternelle,
dont l’apprentissage du langage n’est qu’à ses balbutiements, devant cette
boite (ou ce nouveau tableau noir, c’est selon le modèle) qui débite, à
longueur de journée, des mots, des expressions, des comportements, des idées
sur lesquels nous n’avons aucun contrôle ? Ce qui me choque, c’est
lorsqu’une jeune maman m’explique que, lorsqu’elle veut la tranquillité, elle
met son enfant de trois ans devant la télé.
Beaucoup de parents me répondent souvent, pour leur part, que c’est
pour que leurs enfants, du primaire ou
même au collège ou au lycée, n’aillent pas traîner dehors et ne soient exposés
aux dangers de la rue (alcoolisme, drogues, sexualité, vagabondage, vol et
autres) qu’ils sont prêts à mettre un écran de télévision dans chaque chambre,
à payer des centaines de milliers de francs CFA pour les abonnements au câble,
l’accès à internet ou encore les dernières consoles de jeux vidéo. Et dans
quasiment toutes les familles, des plus nanties aux plus modestes, c’est le
même raisonnement : pour garder les enfants à l’abri des dangers qu’ils
rencontreraient dehors, il faut savoir les occuper à la maison. Et visiblement,
le meilleur moyen de le faire, c’est de les mettre devant des écrans. Il est
vrai que pour les occuper, c’est très efficace ! Il suffit de voir le
temps qu’ils passent devant ceux-ci.
Parfois, lorsque je suis chez mes
parents, j’observe mes petits frère et sœur, mes neveux et nièces, qui ont tous
entre dix et quatorze ans. Les jours où ils ont école, quand ils en reviennent,
ils jettent leurs cartables, et, avant même de se changer, ont déjà un œil sur
la télé. On les force presque à faire la sieste, et ils prennent un certain
temps pour faire leurs devoirs, donc, quelques heures de l’après-midi. Ceci
fait, ils peuvent se ruer sur la télécommande. Dans certaines familles, ils
restent assis au salon bien après que les parents soient couchés, devant la télévision.
Ce que je trouve assez illogique, c’est de voir que certains parents acceptent
que leurs enfants allument la télévision le matin, avant d’aller à l’école.
Pourquoi ? Quel en est le but, le bien-fondé ? J’ai l’impression
d’observer des accros, à qui il faut donner leur dose matinale avant de
démarrer la journée ! Je ne parle même pas de ces ados qui ont des
smartphones ou des tablettes connectés à internet. Avec eux, il faut répéter la
même chose deux, trois fois, parfois en criant, pour qu’ils se décident à
sortir leur nez de l’écran. Je trouve souvent cela triste lorsque je suis avec
des amis, et qu’à un moment donné, sur une table de quatre ou cinq personnes,
c’est le silence total parce que chacun a les yeux rivé sur son portable, à
satisfaire le besoin de communiquer avec des amis, virtuellement, au lieu qu’il
en a un juste à quelques centimètres de lui. Et pour moi, c’est juste insensé
que des jeunes de dix, douze ans se comportent ainsi ! Les périodes de
vacances scolaires sont, pour beaucoup d’enfants, synonymes d’interminables
orgies de télévision. Faites donc l’expérience : observez-les, pendant
deux ou trois jours, sans rien dire, en essayant d’estimer le temps qu’ils
passent devant la télévision, juste la télévision, parce que, pour les autres
types d’écrans domestiques, c’est plus compliqué. A la fin, demandez-vous si,
vous, vous passeriez autant de temps devant des dessins animés, des vidéo-clips
ou des séries télévisées.
Ce qui est le plus effrayant, à
mon sens, plus que le temps passé devant les écrans de télévision, c’est la
nature et surtout le contenu des programmes que les enfants regardent. Honnêtement,
j’ai le contact facile avec les moins de douze ans, alors, dès que j’en ai
l’occasion, je leur demande ce qu’ils aiment ben regarder, à la télé. Ils vous citeront
tous les mêmes chaines du bouquet Canal +, les mêmes titres de dessins animés,
avec les préférences des uns et des autres. Je prends, parfois aussi, le temps
de regarder un ou deux épisodes avec eux, pour tenter de comprendre ce qui les
intéresse tant dans tel ou tel programme. Il est vrai que chaque génération a
ses références : certains de nos parents se souviennent encore d’Albator
ou de Candy, pour les moins âgés. Nous, nous avons eu Dragon Ball, puis Naruto,
One Piece… Mais franchement, je me demande, devant certains programmes que
regardent les enfants actuellement, si leurs concepteurs n’ont pas des
déviances cachées ! Parce qu’il y a de ces personnages ! Je ne sais
pas pourquoi, mais ils ressemblent de moins en moins à des êtres humains.
D’ailleurs, vous trouverez très souvent des étrangetés comme un poisson rouge
avec des pieds, des êtres gélatineux, des objets qui se meuvent et parlent
comme des adultes. Avec des comportements aussi étranges : des êtres qui
coincent les autres dans leurs derrière, des séances de pets interminables, et
une obsession rectale à peine voilée ! Comprenez-moi bien, je ne suis ni
extrémiste, ni complotiste, ni moraliste. Je trouve juste que lorsque que mes
enfants passent le plus clair de leur temps à faire une activité, il faudrait
au moins qu’elle corresponde aux codes et aux valeurs que je veux leur
inculquer dans la vie. Et là, je ne parle que des dessins animés ! Parce
qu’il y a les chaines musicales, auxquels les tous petits n’échappent pas. Un
de mes amis me racontait, il y a quelques temps, que son fils adore le titre
« anaconda » de Nicki Minaj. J’aurais trouvé ça normal si son fils avait plus de quatre ans ! Je ne vous parle même pas de la vague
déferlante qui s’est abattue sur toute l’Afrique Centrale, il y a environ un
an : « collé la petite » ! Quand un petit garçon de deux ou
trois ans, à une fête d’école, tient sa condisciple par les hanches, derrière
elle, et mime l’acte sexuel, je me demande, des enfants, de la maîtresse qui
les fait danser, ou des parents qui applaudissent en rigolant, qui doit être
interné en premier ! L’autre type de programmes qui me donne les maux de
tête : les télénovelas. Elles ont même déjà un canal qui leur est
entièrement dédié : Novelas Tv. Quel est l’intérêt de faire regarder des
histoires d’amour à l’eau de rose à des enfants ? Les préparer à leurs
prochaines vies amoureuses, peut-être ? Il y a des mères qui, en rentrant
de leur boulot, savent qu’elles n’auront pas totalement manqué leur série préférée,
parce que leur fille de sept-huit ans l’aura regardé pour elles.
Je l’ai dit plus haut, moi-même
j’ai passé beaucoup de temps devant la télévision, plus jeune. Mais je pense
qu’à cette époque, elle n’avait pas le même rôle qu’aujourd’hui. Je me rappelle
que la règle principale était : « pas de télé avant midi »,
pendant les vacances. Durant la période scolaire, je ne regardais la télévision
qu’entre douze et quatorze heures, dix-huit et vingt heures trente, au plus
tard. Ce n’est que vers la fin du lycée que j’ai commencé à regarder la
télévision après minuit, pour suivre les matchs de la NBA en direct. En ce
temps, la télévision était, surtout pour moi, d’abord un moyen d’éducation et
d’apprentissage. Je crois que je regardais le journal télévisé plus que le
reste de la maison. Je me rappelle encore aujourd’hui des batailles de
Sarajevo, et de la Yougoslavie, parce que je regardais les infos. Personne ne
m’a raconté cela, je l’ai quasiment vécu. Je ne compte plus le nombre de
programmes éducatifs que je ne pouvais pas me permettre de manquer :
« c’est pas sorcier ! » en fait partie. Depuis le primaire, je
suis tout ce qu’il peut y avoir comme documentaire, historique, animalier, sur
les technologies, et bien d’autres. Au primaire et durant mes années de lycée,
j’ai toujours eu l’impression que la plupart des choses que j’apprenais en
classe de sciences, je les savais déjà. Parce que j’en avais déjà, plus ou
moins, entendu parler dans un documentaire. Bien évidemment, le divertissement
aussi était au programme. Les émissions telles que « Canal Evasion »
m’ont fait découvrir la majeure partie des grands classiques de la musique du
siècle dernier. Et les grands événements sportifs ont toujours été au
programme. J’ai eu les larmes aux yeux en voyant que les enfants de mon
quartier, et même ceux qui vivent à la maison, n’en avaient que cure des
derniers JO de Rio. Je me demande pourquoi on en est arrivé là ? Pourquoi
la télévision est devenue seulement un objet de divertissement, et a délaissé
ses fonctions d’éducation, d’instruction ? Et surtout, quelles en sont les
conséquences ?
Je trouve que les enfants qui
passent beaucoup de temps devant la télévision ont quelques défauts à
souligner. J’en connais quelques-uns qui, lorsqu’ils sont dans une pièce dans
laquelle il y a un téléviseur, ne peuvent pas s’empêcher de le regarder. Ils sont
littéralement sous son emprise, même quand le programme en cours ne les
intéresse pas vraiment. Le pire c’est ceux qui ont le « pouvoir sur la
télécommande ». Ils s’habituent tellement à zapper quand un programme ne
les plait pas qu’ils se disent que la vie réelle est ainsi. Ils sont donc tout
le temps en train de passer d’une chose à l’autre, s’ennuient très vite
lorsqu’on leur demande de rester concentrer un certain temps, et, pour les pires
cas, passent leurs temps à s’imaginer dans un monde parallèle, avec leurs
propres personnages, monde dont ils ne sont contraints de sortir que parce que
vous les contraignez à le faire.
Mais ce qui me fait le plus peur,
c’est de constater que, la plupart, du fait des innombrables personnages qu’ils
regardent chaque jour et de la richesse des dialogues, ont un vocabulaire très
riche. Mais, très peu savent écrire ou même épeler tous ces mots savants qu’ils
absorbent à longueur de journée. Lorsqu’un enfant de neuf ans vous dit qu’il
fait des rêves « prémonitoires », vous êtes déjà assez surpris qu’il connaisse la signification d’un terme aussi complexe. Mais, de savoir qu’il ne
sait, ni l’écrire, ni l’épeler me fait vraiment de la peine et prouve qu’il est confronté à deux maux qui, en s’additionnant, sont graves de conséquences pour
sa future scolarité : l’abus de télévision, et sa conséquence la plus
simple, le manque de lecture.
Bien évidemment, je ne fais que
des constats visuels, n’étant pas un expert du comportement des enfants, de
l’éducation, ou encore un psychologue ou psychiatre de l’enfant. Cependant,
voilà ce qu’en disent certains qui s’y connaissent un peu mieux sur le
sujet :
« … La télévision plonge dans un état proche de l’hypnose les enfants qui restent scotchés.
Aussitôt le poste allumé, des ondes lentes, dites « alpha », prennent
le relais des ondes « bêta », celles de l’éveil sur le cerveau.
L’enfant est alors plongé dans un état de légère léthargie, proche de celui
d’endormissement. Les enfants regardant beaucoup la télé ont également une
nette prédominance de l’activité cérébrale dans l’hémisphère droit, celui qui
traite l’information de façon émotionnelle. Résultat : l’esprit critique est annihilé et la capacité d’apprendre diminue. »
« La
télévision altère la capacité d’imagination de l’enfant c’est à dire sa capacité de
représentation. Le pédiatre allemand Peter Winterstein a ainsi montré que plus
les enfants passent du temps devant le poste, plus leurs dessins
s’appauvrissent en détails et perdent de leur relief, quand ils ne sont pas
carrément déstructurés pour les plus « téléphages »
« Plus les enfants passent du temps devant
des écrans, plus leurs résultats scolaires sont mauvais. C'est ce que montre
une étude publiée dans le numéro d'octobre 2014 de la revue American Journal of Family Therapy, qui
analyse les habitudes de 46 000 familles américaines avec
enfants (de la maternelle à la terminale). A partir d'une demi-heure de temps
d'écran par jour, ils ont constaté une baisse régulière des résultats
scolaires. La baisse est beaucoup plus prononcée après deux heures et, au-delà
de quatre heures, la moyenne générale de l'enfant chute d'une classe. »
« … les
chercheurs invoquent les difficultés à trouver le sommeil que développent les
enfants qui passent beaucoup de temps devant la télévision ou sur l'ordinateur. Selon
l'étude citée par le Huffington Post (article en anglais), les enfants qui passent quatre heures
par jour devant un écran mettent en moyenne vingt minutes de plus à s'endormir. »
« Les
problèmes de concentration qui progressent avec l'exposition aux écrans. "Les dessins
animés et les jeux vidéo habituent les enfants à une forte dose d'excitation,
qu'ils ne retrouvent pas dans la vraie vie, explique le
Dr Larrar. Parce que les autres activités deviennent moins captivantes, il devient
plus difficile de se concentrer dessus »
« Les écrans non-interactifs, comme la
télévision, les plongent dans la passivité. L'image s'impose à l'enfant qui se
retrouve dans un processus linéaire. Il ne développe pas son imagination ou sa
capacité à raisonner pour tenter de trouver une solution à un problème. "Il n'expie pas non plus ses angoisses, comme il peut le faire sur
ses Playmobil ou d'autres jouets, ce qui est extrêmement
important", explique le Dr Larrar. »
Il n’est, certes, pas facile pour
les parents, de se retrouver et surtout, de savoir quelles sont bonnes
décisions à prendre pour le bien-être de leurs enfants, face aux écrans et
surtout à la télévision. Pour les aider, il existe, cependant, une règle assez
simple, dite du « 3, 6, 9, 12 ».
Elle se résume ainsi : pas de télévision jusqu’à 3 ans, pas de console de jeux avant 6 ans, pas d’internet, même avec les parents, avant 9 ans, et enfin, à 12 ans, on peut laisser l’adolescent découvrir le monde virtuel.
En définitive, voilà le seul
conseil que je donnerai aux parents : à l’approche de Noël, au lieu de
leur acheter une nouvelle télévision à écran plasma, 4K, 64 pouces, des
tablettes numériques, des nouvelles consoles de jeux vidéo et autres gadgets,
offrez-leur plutôt des jouets qui les éveillent tout en les éloignant le plus
possible de l’esclavage moderne des écrans. Ils vous feront certainement la tête à
court terme, mais ils vous remercieront surement dans quelques années. Bonnes
fêtes de fin d’année !
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