La valeur de la parole donnée!
Bonjour les Êtres humains ! Il y a quelques mois, je regardais l’émission « Le grand
rendez-vous » sur la chaîne sénégalaise 2sTV, dans laquelle officie
l’activiste Kemi Séba en tant que chroniqueur. Durant une de ses interventions,
il a soulevé un point qui m’a titillé. Il disait que l’une des grandes caractéristiques
du peuple américain est le respect de la parole donnée. Selon lui, aux pays de
l’Oncle Sam, lorsque quelqu’un vous dit : « dans trois heures,
je serai chez toi », ou encore qu’il vous emprunte de l’argent et vous
promet de vous le rendre dans dix jours, vous pouvez être certain qu’il le
fera. Il faisait ainsi une comparaison avec les Africains qui passent leur
temps à faire des promesses, soit pour se débarrasser de ceux à qui ils les
adressent, soit pour gagner du temps et se plier à leurs obligations quand bon
leur semblera. Bon, moi, Engo, je ne connais pas les Américains, mais les
Africains, je peux vous dire que je les connais très bien ! Et je me
demande comment et pourquoi ils se comportent, pour une grande part, de la
sorte.
Déjà, il y a une
chose qu’il ne faut pas oublier : l’Africain, dans son histoire, a
toujours accordé une grande place à l’engagement verbal. Ce qui est tout à fait
normal, l’écriture n’ayant été
découverte et répandue sur le continent que très tardivement. Nos ancêtres, il
y a une dizaine de générations, devaient bien avoir un moyen de signer les
divers et multiples contrats qui les liaient chaque jour les uns aux autres. Si quelqu’un voulait engager un cultivateur
pour s’occuper de ses champs, en contre partie d’une rémunération (souvent en
nature), par exemple, ne lui faisait pas signer un papier sur lequel avaient
été consigné les closes de leur tractation ! Il n’y avait que la parole
donnée qui importait. Quand, dans les confins des forêts tropicales, où
vivaient mes aïeux, ces derniers voulaient se donner rendez-vous, ils
n’avaient, ni agenda, ni réseau internet ou encore l’un de ces autres moyens d’extensions du
cerveau humain que sont les Smartphones ! Ils n’avaient que leur
parole ! Si Mba promettait à Ondo qu’il passerait chez lui dans trois
lunes pour lui demander officiellement la main de sa fille, il avait grand
intérêt à être sur place dans trois lunes, au risque de passer pour un homme
« sans parole ». Comment aurait-il pu garantir à Ondo qu’il allait
bien prendre soin de sa fille, s’il n’était même pas capable de respecter un
simple rendez-vous ?
Ainsi donc, il y a u
peu plus de cent ans encore, nous respections la valeur de la parole donnée
comme le code d’honneur du peuple Japonais : elle était plus qu’un
engagement. C’était la preuve de notre propre valeur et elle définissait, en
quelque sorte, notre place dans la société. C’était elle qui faisait de vous un
homme respectable et respecté, quand vous saviez la tenir, ou qui vous rabaissait
au même niveau qu’un simple enfant, ou même moins, lorsque vous étiez connu
comme quelqu’un qui ne sait pas « tenir parole ».
Mais l’arrivée des
colons, avec ses règles et ses propres critères sociaux, a commencé à changer l’Africain
et ses meurs. C’est ainsi que les choses ont commencé à dégringoler. Les hommes
ont commencé à oublier le sens et l’importance de la parole donnée, juste pour
pouvoir assouvir le vice le plus pernicieux de notre époque : amasser de l’argent,
encore plus d’argent ! Avec l’évolution du monde, et surtout l’avancée des
technologies, il est devenu de plus en plus facile et de moins en moins coûteux sur le plan moral, de ne pas respecter ses paroles. Il suffit de voir combien
de gens autour de vous disent, sans aucun scrupule, à leur épouse, ou à quelqu’un avec qui ils ont rendez-vous : « je suis juste là, à quelques pas du lieu
de notre rendez-vous ! », au lieu qu’ils se trouvent à des kilomètres
de là, avec on ne sait qui, en train de faire on ne sait quoi !
Et il n’y pas que
dans la vie conjugale, ou dans les rapports humains les plus simples que l’on
retrouve ce phénomène. Il gangrène notre société à tous les niveaux de celle-ci !
Prenez un exemple simple, celui de la situation rocambolesque dans laquelle je
me trouve en ce moment : le propriétaire de la demeure que j’habite
actuellement, je ne sais pour quelle raison, n’a pas pu solder la dernière
facture d’eau (déjà, c’est juste de la folie pure de relier tout un immeuble,
avec plus d’une douzaine de locataires, à un seul compteur, mais passons…). Bien
évidement, les agents de la société de distribution d’eau sont passés pour
couper l’alimentation du bâtiment. Et cela a eu lieu, il y a maintenant trois
semaines. Bon, on peut encore supporter la situation. Il peut bien arriver à
tout le monde de se retrouver sans eau pour cause d’impayés. Nous ne sommes, ni
les premiers, ni les derniers à vivre cela. Ce qui me dépasse, c’est qu’au bout
de la première semaine, lorsque nous avons discuté avec le bayeur qui gère
toutes les locations de l’immeuble, celui-ci nous a expliqué que l’affaire
était en cours de règlement. Que ce n’était plus qu’une histoire de quelques transactions
bancaires, et que la situation reviendrait à la normale sous 48h. Une semaine
après, pas d’évolution ! Lorsque nous rencontrons le quidam, il nous fait
comprendre, cette fois, qu’il ne s’agit plus que d’une affaire d’heures, les
agents de la société de distribution d’eau étant quelques fois lents dans leurs
activités. Cela fait maintenant une semaine de plus que nous n’avons pas vu une
goutte d’eau tomber d’un robinet dans tout l’immeuble. Je n’ai pas besoin de
préciser que, la fin du mois étant encore toute proche, il a déjà encaissé l’argent
du loyer, ce qui ne l’empêche pas de continuer à nous raconter des histoires !
Ce qui me désole le
plus dans cette affaire, c’est de voir que ce sont des pères de familles, des
hommes de pas moins de quarante-cinq ans, qui passent devant tous leurs amis,
parents et proches pour des hommes sérieux et intègres qui se comportent ainsi !
Et le pire, c’est qu’il n’y pas qu’eux qui le font ! Il suffit de regarder
le comportement de certains chefs de partis politiques, à l’approche de
quelques élections : ils gavent les populations de promesses à n’en plus
finir ! Et de futures avancées dans tels domaines, et de prochaines
améliorations dans d’autres ! Parfois même, ceux qui défendent leurs
postes vont jusqu’à amorcer la réalisation de quelques projets. Mais, en
général, ceux-ci tombent dans les abîmes de l’oubli dès qu’ils ont obtenu les
suffrages qu’ils désiraient. C’est comme cela que, par exemple, dans les grandes
capitales, un peu partout en Afrique, à l’approche des élections municipales,
on voit souvent apparaître, comme par magie, des engins qui raclent un bout de
terre, soit disant pour rénover les artères semblables à des pistes d’éléphants,
qu’on finira par ignorer dès les trois premiers mois à la tête de la mairie. Le pire, c’est que même ceux qui briguent la
magistrature suprême sont touchés du même syndrome : combien de fois n’a-t-on
pas entendu des candidats aux élections présidentielles vantez les mérites de
projets de développement dont ils s’empressent
de revoir l’ampleur à la baisse, une fois assis sur leur trône ? Et là
encore, c’est quand ils ne les jettent pas tout simplement aux oubliettes !
Aujourd’hui, on vous promet dix mille logements sur cinq ans, et demain on ne
vous parle plus que de deux mille. Là, on vous appâte avec une couverture
maladie universelle qui finalement ne voit jamais le jour ! Les exemples
sont légions, et mes sœurs et frères qui vivent sur ce continent où des
présidents de la République peuvent se permettre de se « dédire »,
peuvent vous en apporter des centaines à la pelle ! Finalement, tout le
monde se comporte à l’image de ces dirigeants. « Traite les serments imprudemment
et ton peuple en fera de même », disait quelqu’un…
Pour ma part, je
crois qu’il faudrait vraiment que chacun de nous prenne le temps de bien
réfléchir aux moyens et à la possibilité qu’il a de réaliser ce qu’il prend
comme engagement, même si ce n’est que verbalement. Si chacun de nous, chaque
jour de sa vie, s’astreignait à respecter au moins un, juste un seul de ses
engagements, une seule de milliards de promesses qu’il est capable de faire en
vingt-quatre heures, juste une seule, chacun à son niveau, je crois bien qu’on
aurait moins de raisons de se plaindre les uns des autres. Et surtout, avant de
faire une promesse que vous ne pouvez pas tenir, si vous vous mettiez à la
place de la personne à qui vous la faite ? Si vous vous demandiez comment
vous, vous sentiriez si l’on vous faisait une telle promesse et qu’on ne la
tenait pas ? Essayons au moins d’envisager les choses sous cet autre
angle, et on verra bien ce que cela donnera. Parce que, quelque part, c’est
cela, « aimer son prochain comme soi-même » : c’est savoir se
mettre à la place de l’autre ! À bon entendeur…
Commentaires
Enregistrer un commentaire