Pantalon "taille-basse", pour qui et pourquoi?
Bonjour les Êtres
humains !
Aujourd’hui, nous n’allons
pas parle de sujets graves, mais plutôt d’une tendance vestimentaire qui ne
semble pas vouloir disparaître en Afrique : il s’agit de cette manie de
porter le pantalon trop bas en-dessous de la ceinture. Je me souviens que
lorsque nous étions au lycée, un ami m’a dit que ça s’appelait « faire
bishop ». Je ne sais pas trop comment cela s’appelle aujourd’hui dans mon
pays d’origine, le Gabon, et je parie que, dans celui où vous êtes, cela doit s’appeler
autrement. Ici au Sénégal, les jeunes appellent cela « Check-down »,
ou « Dangal », pour les plus âgés. Ce qui m’a donné envie de parler
de ce style vestimentaire, qui parait être un « truc de jeunes », c’est
la façon dont il est si répandu dans ce pays, autant chez les moins de trente
ans que chez beaucoup de leurs aînés, et surtout, parce que le phénomène est
devenu une mode complètement adoptée et même vastement tolérée chez la gente
féminine !
Avant toutes choses, je
me suis demandé d’où pouvait bien venir cette tendance. Bien évidemment, je
présume qu’elle est liée au mouvement hip-hop. Je me souviens qu’elle est
arrivée au Gabon vers la fin des années 90, quelques temps après le style « criss-cross »,
vulgarisé par les neveux de Michael Jackson, du groupe de rap du même nom. Je me
rappelle qu’à cette époque, je portais même le pantalon de mon uniforme du
lycée en-dessous des fesses ! Je devais alors avoir entre quinze et
dix-sept ans. Nous voulions tous imiter nos idoles d’alors qui s’habillaient
ainsi dans leurs vidéo-clips : 2Pac, R. Kelly, Ja Rule, etc. rien que des
américains ! D’ailleurs, j’ai demandé à une amie Sénégalaise, ici à Dakar,
si elle avait une idée de l’origine de cette mode vestimentaire. Elle m’a dit qu’à l’origine, ce sont les
prisonniers américains qui s’habillaient ainsi, parce que n’ayant pas le droit
de porter leurs pantalons avec une ceinture.
Je sais que les
tendances vestimentaires sont comme vouées à un cycle répétitif. C’est
pourquoi, je comprends bien que mon petit frère, dix ans après moi, fasse aussi
le « bishop ». Et aujourd’hui encore, je peux bien m’expliquer que
les jeunes lycéens, sous l’influence actuelle des Lil’Wayne, Wiz Khalifa et
autres ASAP Rocky, suivent à nouveau cette mode. Ce que je ne comprends pas, c’est
pourquoi des hommes de mon âge ont du mal à laisser tomber ce style. Je sais,
et je suis le premier à le crier haut et fort, que le style vestimentaire de
tout un chacun ne devrait pas être jugé par qui que ce soit. Mais, je crois qu’il
faut tout de même savoir se singulariser, si c’est cela le but recherché, tout
en restant digne. Oui, je parle bien de dignité ! Parce que le type de
près de trente-cinq ans qui, parce qu’il se considère comme jeune, et qu’il est
de la « génération hip-hop », qui se présente devant les gens avec un
pantalon qui dévoile presqu’entièrement son derrière, pour moi, ne respecte, ni
sa personne, ni les gens qui sont autour de lui ! Parfois, lorsque je
monte dans les « cars rapid », les bus les plus populaires de Dakar,
et que je vois un apprenti-chauffeur se trémousser en exhibant son vieux
caleçon pas très propre devant le nez de ses clients (surtout de ses clientes !),
j’ai envie de lui demander ce qu’il compte bien montrer à sa future épouse s’il
a déjà dévoilé son derrière à la moitié du pays ! En tout cas, je trouve
étrange que ceux qui, aujourd’hui, ont mon âge, aient toujours envie de « baisser
leur pantalon ». Surtout que la majeure partie d’entre nous avons déjà des
enfants. Ce n’est pas très sérieux de se balader le caleçon à l’air devant ces
derniers ! Encore que, jusque là, c’était un phénomène qui ne concernait
que les hommes.
Aujourd’hui, je suis
consterné quand je vois comment les femmes ce sont appropriées cette tendance !
Il suffit de passer une journée dans les rues de Dakar pour en être édifié :
les jeunes femmes de touts âges, de toutes corpulences et tous les milieux
sociaux se baladent avec ces fameux pantalons judicieusement nommés « taille-basse ».
Je ne sais pas d’où vient ce genre de vêtement, mais il ne laisse personne
indifférent. Il faut dire qu’il a la particularité de dévoiler, autant les fesses
de celle qui le porte qu’une partie de sa toison pubienne. Il est devenu
tellement courant de voir les femmes habillées ainsi qu’à la limite, cela ne
choque plus personne ! Ce matin, durant une discussion que nous avions en
classe avec un enseignant, celui-ci nous racontait qu’il a eu les plus grandes
difficultés à trouver un jeans « normal » pour sa femme, parce que,
sur le marché, il n’y a plus que les « taille-basse » qui sont à l’honneur.
Il s’indignait d’ailleurs, en racontant que, lorsqu’il était plus jeune, il
leurs suffisait, à lui et à ses amis, d’apercevoir la cuisse d’une femme pour
passer une journée comblée, tant les femmes savaient cacher tous ces atouts qui
les rendent si désirables. Et de se demander comment ces dernières peuvent s’étonner
de ne plus susciter le désir de leurs époux : « comment peut-on
être exciter par ce qu’on vous exhibe à longueur de journée ? », interrogeait-il.
Car l’homme, en général, est attiré par ce qui est défendu, interdit, caché.
Pour ma part, je me
demande pourquoi ce besoin de se dévoiler ? Qui en est responsable ? Doit-on
vraiment, au nom d’une pseudo-modernité, laisser nos frères et sœurs se balader
ainsi ? Est-ce vraiment cela, être « à la mode » ? N’y a-t-il vraiment qu’en s’habillant comme
cela qu’une femme peut montrer qu’elle est belle qu’elle a du charme ? Je
crois que non. Je crois que nous devrions faire l’effort de montrer à nos
cadets que ce qui fait la valeur d’une personne, certes, ce n’est pas ce qu’elle
porte, ou comment elle le porte, mais cela contribue fortement à traduire ce qu’elle
est. Il faudrait qu’en plus de nous vêtir comme il se doit, en accordant nos goûts et nos envies à ce qui est tolérable, parce qu’on est des modèles pour les
générations à venir, qu’on explique à celles-ci que, même dans l’imitation, il
ne faut prendre que ce qu’il y a de bon. Alors, messieurs et dames, sachez ajuster vos
pantalons à la hauteur de l’estime que vous vous donnez, car « l’habit ne
fait pas le moine, mais le curé se distingue par sa soutane » !
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