Insultes: arguments faibles ou arguments des faibles?
Bonjours les
Êtres humains !
Avant tout, je
tiens à vous présenter mes excuses pour le long silence de ces dernières
semaines, silence dû au manque de temps qu’occasionne, ces temps-ci, les cours
et évaluations de ma formation qui tend à sa fin. Vous savez comment les choses
se passent dans nos universités et écoles supérieures africaines : c’est
souvent à un ou deux mois de la fin de l’année académique que tous les enseignants
veulent boucler leurs programmes, et vous surchargent de devoirs de maison,
d’exposés en groupe et j’en passe… Bref, ce n’est pas le sujet du jour.
Aujourd’hui, nous allons parler des insultes et injures.
Mon dictionnaire
Larousse m’apprend qu’une injure est une parole
qui blesse de manière grave et consciente, tandis qu’une insulte est
considérée comme une parole qui a pour
objet d’offenser, d’outrager, de blesser la dignité ou l’honneur. Nous
voyons qu’il y a ici la volonté de blesser, de faire du mal, de causer en
quelque sorte une blessure morale chez la personne à qui l’on adresse une
injure. Encore que, si l’on ne s’arrête qu’à ces deux définitions, je me
demande si pour certains d’entre nous, prononcer des insultes ne relève pas
juste d’une mauvaise habitude que d’une quelconque volonté d’atteindre un
objectif particulier. Parce qu’il y a deux types de personnes que je n’arrive
pas à comprendre : ce sont, d’une part, celles qui passent leur temps à
injurier des objets ou des animaux (quelle idée de dire
« chien ! » à un chien !), et celles qui ne peuvent
s’empêcher d’insulter les enfants. Ce sont ces derniers qui m’inquiètent le
plus.
Je me rappelle
que lorsque j’étais au primaire, il y avait, dans nos écoles publiques,
certaines « maîtresses », comme nous les appelions alors, qui
pouvaient vous flanquer plus de dix coups de chicotte si vous disiez un gros
mot, mais qui, à la moindre petite gaffe, vous hurlaient des
« imbéciles » et pleins d’autres noms d’oiseaux que je préfère ne pas
répéter ici. Certains élèves, qui, par maladresse, ou d’autres raisons que nous
ne pouvions surement pas connaitre, étaient les victimes favorites de nos
enseignantes, avaient finis par prendre un air si abruti, si découragé, qu’on
aurait dit qu’ils devenaient exactement ce qu’on n’arrêtait pas de leur dire
tous les jours qu’ils étaient. Vous imaginez un gosse de huit ou neuf ans à qui
on n’arrête pas de dire qu’il est un parfait idiot ? Non seulement il ne peut
pas vous répondre, mais en plus, du fait de l’entendre dire chaque jour par ces
personnes qui sont sensés l’aider à construire sa personnalité, ces personnes
en qui il devrait avoir toute confiance, ceux-là qui devraient le rassurer et
aussi le remplir, lui, de confiance en soi, pour faire face au monde terrible
dans lequel il entre, finit par se dire que : « si papa, ou maman, ou
la maîtresse, pensent que je suis un idiot, c’est que je le suis vraiment et
que je devrais me contenter de cette place dans le monde, celle d’un
idiot » Chers amis, je vous invite à faire cette expérience : vous
connaissez peut-être une famille, un milieu, dans lequel un enfant vit ce genre
de situation ? Regardez-le bien : il n’est pas heureux, et il le sera
de moins en moins dans la vie, si les choses continuent ainsi ! Des
adultes qui insultent des enfants devraient juste être condamnés par la
loi !
D’ailleurs,
souvent, il arrive que ce comportement des adultes dépeigne sur les autres
enfants. C’est ainsi qu’il y a un autre phénomène qui m’a toujours choqué, tout
au long de mon cycle primaire. C’était ce que les écoliers appelaient
« importunation » : des bandes de gamins qui se regroupaient
pour se lancer les injures les plus vulgaires, allant même jusqu’à dire des choses
sales sur les parents des uns et des autres ! Je me suis toujours demandé
qui avait pu inventer une horreur pareille… La cruauté des ados faisait qu’ils
ne voyaient que le côté amusant de la chose. Parce que, se moquer de l’autre,
tout le monde trouve toujours cela marrant... Donc, chers amis, prenez garde à
ne jamais lancer des injures envers des enfants, que ce soient les vôtres ou pas. Parce qu’à chaque fois que vous le ferez, pour les moins
fragiles, vous ne ferez que leur donner un très mauvais exemple qu’ils ne se
gêneront pas de suivre, et pour les plus faibles mentalement, vous pouvez être
sûrs que vous serez en train de leur préparer un avenir plein d’incertitude et
de manque d’assurance et de confiance en eux.
Et il y a
les adultes qui s’insultent ! Déjà, il n’y a rien de plus ridicule que des
adultes qui s’échangent des noms d’oiseaux ! Souvent, si vous prêtez bien
attention à la scène, vous vous rendrez compte qu’elle commence toujours par
une discussion, un échange d’arguments, chacun des protagonistes essayant de
convaincre l’autre du bien-fondé de ce qu’il dit. Puis, les voix commencent à
s’élever (je me demande où il est écrit qu’on se fait mieux comprendre en élevant la voix…)
et, au bout d’un moment, il y en a un qui lâche une grossièreté à laquelle
l’autre se sent obligé de répondre, et la suite, vous la connaissez… Mais
pourquoi en arrive-t-on là ? De mon point de vue, c’est une des pires
formes de faiblesse qui soit. Faiblesse
intellectuelle, j’entends. Parce que, si vous prenez le temps de bien
réfléchir, il y a toujours mieux à dire qu’une insulte. En réalité, celui qui
insulte durant une discussion, une conversation ou une dispute est, en fait,
celui qui n’a plus la possibilité de porter sa réflexion plus loin que là. Cela
traduit une limite intellectuelle et morale au de-là de laquelle on pense ne
plus être capable d’aller. Croire qu’on fait du mal à quelqu’un en l’injuriant,
c’est dévoilé son incapacité à trouver quelque chose de plus intelligent et de
plus constructif à dire ou à faire.
Ce qui est à remarquer, c’est qu’en réalité, une
insulte, qu’elle soit adressée à un enfant ou à un adulte, est la preuve que la
personne qui la prononce est simplement emplie d’une volonté manifeste de nuire,
juste nuire et rien d’autre. Car beaucoup vous diront : « c’est
pour gronder, pour ramener à l’ordre, pour interpeller celui à qui l’on s’adresse ! »
Or, la plupart du temps, les insultes ne sont que des flèches qu’on décoche
pour agresser l’autre, sans rien lui apporter d’instructif, d’éducatif, de
constructif ! Car, une fois que vous lui avez dit, à votre gamin
désobéissant ou à votre collègue agaçant qu’il est un imbécile, qu’avez-vous
changé à son sort ? Pensez-vous vraiment que le simple fait de le lui
dire, et de la manière la plus blessante possible, suffise à le rendre moins
« imbécile » qu’il ne l’est ? Comment saura-t-il pourquoi ou
comment il est de cette nature ? Comment la changera-t-il ? C’est
comme de crier « attention » à un aveugle qui essaie de traverser la
route : en aucun cas, vous ne le sortez du danger, puisque vous ne lui
donner aucune information pouvant lui être réellement utile, sinon lui dire
qu’il est en danger !
Chers amis, collègues, parents, proches, lecteurs : ne soyez pas de simples dénonciateurs ! Vous ne seriez
d’aucune utilité pour le reste de l’humanité ! Parce que des
dénonciateurs, il y en a des milliers à la pelle à travers le monde, en ce
moment ! Ne vous attendez pas à ce que les choses, les gens, changent
autour de vous juste parce que vous dénoncez ! Soyez des acteurs, soyez
des contributeurs à ce changement, que ce soit dans votre maison, au travail,
en classe, en famille, avec les amis, au quartier, dans votre association, dans
votre parti politique ou au sein de votre communauté religieuse, dites toujours
des choses qui servent, qui sont utiles et concrètes ! En le faisant, vous
serez de vrais Êtres humains : des êtres qui vivent, qui respirent, qui
travaillent et qui ne se donnent du mal que pour tendre vers un mieux pour tous.
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