Gabon : pourquoi je suis (et resterai) homophobe ?
Bonjours les Êtres humains !
Nous vivons dans un monde en
perpétuel changement, tant sur le plan politique, sur le plan économique qu’au
niveau social. Dans ce dernier volet, en particulier, l’humanité a connu et vit
encore une évolution qui pourrait bien faire retourner dans leurs tombes les
Terriens du siècle dernier. En effet, les mœurs ont drôlement changées depuis
les années 20. On pourrait dire que c’est un peu la course à toutes les
libertés : les noirs et toutes les autres races autrefois dites
« inférieures » ont été presque totalement affranchis, les colonies
ont acquis leurs indépendances, les femmes ont obtenu le droit de travailler,
puis celui de voter. Il y a quelques années, c’est au niveau des habitudes
sexuelles que des barrières sont tombées : dans beaucoup de sociétés, l’on
ne se sent plus contraint d’attendre le mariage pour avoir ses premiers
rapports, les femmes revendiquent leur droit « d’avoir des
orgasmes », etc. Disons que les esprits se sont quelque peu débridés.
Puis, est arrivée la Gay Pride, cette espèce de journée mondiale de
l’homosexualité. Mais qu’est-ce donc que l’homosexualité ? Mon
dictionnaire Larousse définit un homosexuel comme une personne qui éprouve une
attirance sexuelle pour les personnes de son sexe. Si l’on revient quelques
décennies en arrière, on remarquera que ce qui, aujourd’hui, est considéré un
peu partout comme un droit aussi juste que celui à la vie, était vu comme une
déviance, une perversion, un acte contre-nature, voire même un péché !
C’était cette vision que les gens
avaient de l’homosexualité au Gabon, il y a encore une vingtaines d’années. Comme
un peu partout dans le monde, être traité de « pédé » était la pire
des injures que l’on pouvait vous adresser ! Souvent, c’était l’élément
déclencheur d’une bagarre, à coup sûr. Cela ne signifie pas, certes, qu’il n’y
avait pas d’homosexuels au Gabon. D’ailleurs, lors d’un petit débat tenu au
bureau il y a quelques jours, quelqu’un expliquait que sa grand-mère lui aurait
raconté que, de son temps, dans certains villages
(nous sommes à l’époque coloniale et un peu avant), des hommes qui vivaient en
couple. Tout le monde savait qu’ils étaient épris l’un de l’autre et qu’ils
« dormaient » ensemble. Un ancien du bureau nous expliquait qu’à
cette époque, du fait des initiations que presque tout le monde passait dans
les rites traditionnels et mystiques de nos différentes ethnies, l’homosexualité
faisait partie des interdits imposés par ces rites. De ce fait, ceux qui s’y
adonnaient étaient, le plus souvent, frappés d’une quelconque malédiction, qui
pouvait agir de diverses manières : de l’apparition d’affections cutanées
jusqu’à, dans les cas extrêmes, la mort subite. Une chose est toutefois sûre,
c’est qu’il y a quelques années, ceux qui se considéraient comme homosexuels vivaient
ce choix dans une grande discrétion ! De toute mon enfance, et même durant
mes années lycées, je ne me souviens pas avoir connu, vu ou même entendu parler
de quelqu’un, dans mon entourage qui l’était.
Il y a une poignée d’années,
lorsque les premiers vents porteurs du
« mariage pour tous » ont commencé à souffler sur l’occident, je me
suis vite positionné : chacun a le droit d’avoir son opinion et de faire
ses choix, et celui qui considère que les personnes du même sexe que lui sont
celles qui l’attirent assume ses choix, tant qu’il ne me dérange pas. Je me
souviens qu’un jour, débattant du sujet avec des amis, l’un d’eux m’a
demandé : « et si ton fils t’annonçait qu’il est homo ? »,
ce à quoi j’ai répondu que, dans ce cas, je considérerais que c’est de ma
faute, parce que j’ai échoué dans ma tâche qui était de lui inculquer une
éducation (sexuelle) que j’approuve. Mais là n’est pas le sujet. Ce dernier est
que, il faut bien le constater, ces vents de révolutions homophiles qui ont
soufflés sur les pays du Nord, ont semé quelques graines ici en Afrique. Ainsi, l’homosexualité est de
plus en plus exposée dans nos capitales, bien qu’elle soit toujours vue d’un
mauvais œil.
Ce qui m’a le plus surpris, à ce
propos, c’est la façon dont cette orientation s’exprime le plus dans mon pays,
le Gabon. Ce qui est le plus choquant, c’est la manière avec laquelle certains
se la sont appropriés et l’expriment. En effet, cette tendance a pris le visage
d’un monstre, voire d’un démon, qui ronge la société gabonaise, à tous les
âges, à toutes les classes, et qui est devenu la source de plus de honte,
d’humiliations, de dépravations et de déshumanisations. Voyez donc les faits par
vous-même et jugez…
Il y a quelques années, lorsque
j’étais au lycée, en classe de Troisième, j’ai assisté à un spectacle
inhabituel : dans une classe vide à première vue, je surpris deux jeunes
filles de Terminale en train de s’embrasser goulûment. Pendant des semaines, je
n’ai cessé de me demander ce qui pouvait bien motiver deux jeunes filles à
faire une chose pareille, et surtout, comment elles en étaient arrivées là.
C’était la première fois que j’étais confronté à ce qui deviendra, un peu plus
tard, un « trip » pour les jeunes en soirées : des filles qui
s’embrassent pour, certainement, s’offrir un délire. Mais, il y a quelques
années, j’ai découvert que le délire est allé un peu trop loin. En effet, un
jour, en parcourant le mur d’un groupe sur Facebook, je suis tombé sur une
photo aussi choquante qu’explicite : trois jeunes hommes, nus comme des
vers, s’y présentaient, deux d’entre eux copulant, tous sourire aux lèvres,
tandis que le troisième les regardait avec envie, attendant son tour ! Ce
qui me traumatisa le plus, c’est qu’ils avaient, au trop, seize ans !
Pourquoi ? Pourquoi, à l’âge où ma plus grande fierté était de poser mes
lèvres sur celles de mes petites camarades de classe, ils étaient, eux, si
fiers d’être homos qu’ils n’hésitaient pas à se filmer et poster les images sur
les réseaux sociaux ? Comme diraient certains, qu’est-ce qui n’a pas
marché ? Effet de mode ? Rébellion de l’adolescence ? Où sont
les parents ? Que se disent-ils ? Ont-ils démissionné ?
Savent-ils au juste ce qui se passe ? En ont-ils conscience ?
À lire les nouvelles qui
déferlent, tant sur les réseaux sociaux que dans les journaux officiels, il est
sûr qu’ils en ont une idée. Parce je parie que beaucoup d’entre eux ne sont pas
passés à côté de ce fait divers qui date de quelques semaines. Relaté dans le
journal national l’Union, le plus lu du pays, il conte la mésaventure d’un
jeune homme qui a eu la mauvaise idée de sortir avec une jeune femme en couple.
Le concubin de cette dernière ayant découvert qu’il était cocu et appris par
qui, s’est armé de sbires et, ayant tendu un guet-apens à son rival, l’a
obligé de force, pour le punir, à lui faire (pardonnez mon langage) une
fellation ! Dans un passé assez proche, ce genre de cas se réglait aux
poings en comptant les dents cassées ! D’où vient cette idée que pour se
venger, on s’offre une fellation ? Est-ce vraiment juste un désir
d’humiliation ? Pour moi, il faut avoir un certain penchant pour les
rapports sexuels (même simplement oraux) avec les personnes du même genre pour
en arriver là. Mais bon, sur ce sujet, les avis sont très partagés.
Dans le cas précédent, l’argument
de la vengeance peut encore être défendu par certains. Dans celui qui suit,
derrière lequel pourrait-on tenter de masquer une volonté d’assouvir des
penchants homosexuels publiquement refoulés ? Ce cas précis est celui qui
a déferlé la chronique sur les murs et pages Facebook il y a quelques
semaines : il s’agit d’un agent d’une grande entreprise de la place qui
laisse exprimer sa colère. Et pour cause : il a été, pendant des mois,
voire plus, l’amant de plusieurs haut cadres de la société, dont le
directeur des ressources humaines, qui lui promettait un meilleur poste au sein
de la firme. Voyant que le poste a été attribué à un autre, et aussi que sa
santé pâtissait sérieusement des assauts sexuels de ses collègues de travail,
il ne pouvait plus contenir sa colère et l’a laissé s’exprimer, avouant
publiquement les pratiques auxquelles lui et ceux-ci s’adonnaient. Voilà où
nous en sommes aujourd’hui au Gabon : avant, c’était les femmes qui
devaient subir le « droit de cuissage », ou « l’entretien
canapé ». Maintenant, la tendance est passée à « l’entretien
sodomique » ! Je n’ose pas imaginer le degré des douleurs physiques
et morales que cet homme, époux et père de famille, a atteint, au point de ne
plus pouvoir garder secret le fait qu’il ait accepté de monnayer sa
« virginité anale » contre un poste. N’avait-il pas confiance à ses
connaissances, à la formation qu’il a suivie pour en arriver là, à son
expérience professionnelle et ses capacités de travail pour accepter une telle
proposition ? Car, il y a une chose qui est sûre, c’est qu’il n’était pas
sous la contrainte physique, comme dans le cas cité plus haut. Il aurait pu
dire non. Il aurait probablement perdu toute chance d’avoir cet avancement, et
aurait peut-être même perdu son travail, mais il n’aurait pas humilié son nom
et par la même occasion sa femme, ses enfants, ses parents, ses amis…
Sommes-nous donc arrivés, dans ce pays, à un point tel qu’on ne puisse plus,
pour gagner sa pitance et nourrir sa famille, rien faire d’autre que se
soumettre à cette nouvelle forme de corruption qui, selon les dires de
beaucoup, prend de plus en plus d’ampleur dans le monde professionnel
national ?
Sommes-nous donc tombés si
bas ? Je n’évoquerai pas le cas des élèves et étudiants qui tiennent, à ce
qu’on dit, des réseaux de jeunes hommes « disponibles » pour certains
haut placés de la République. Voilà donc où nous en sommes : les hommes
sont contraints de se prostituer auprès d’autres hommes pour être considérés
comme de vrais « hommes » dans la société ! En parlant de
prostitution, il y a un cas qui, je vous l’avoue, me donne de l’urticaire, rien
qu’à y penser. C’est celui de ce jeune homme qui assume clairement son homosexualité
(au moins, il le courage de déclarer son camp), et qui, je ne sais pourquoi, est
devenu, en l’espace de quelques années, une véritable célébrité dans le cercle
des Gabonais du réseau social Facebook. Ce qui m’amuse le plus, c’est la façon
dont certains sont à l’affut de ses interventions, de ses vidéos (souvent gags)
et prennent même ses propos au sérieux, au point de l’ériger comme une sorte de
dissident qui lutte contre le pouvoir en place au Gabon. Tout cela
pourquoi ? Parce que cette « belle créature » (sic) prétend
détenir des informations qu’il est prêt à divulguer sur certains grands noms de
notre pays. Informations qu’il a obtenu en ayant couché avec quelques-uns de
ceux-ci. Est-ce bien là que nous en sommes ? Manquerions-nous tellement
d’espoir, de voix à suivre, de leader, que nous en serions réduits à nous
prostituer pour sauver le pays de l’abime dans lequel il ne cesse de s’enfoncer
chaque jour ? Je ne fais que poser la question.
Le pire, c’est que
l’homosexualité prend des allures d’instrument de torture dans ce pays. Savez-vous
que, derrière les murs de "Sans Famille", prison centrale de Libreville, l’on
tolère que des détenus violent d’autres ? Une amie nous relatait il y a
quelques jours que, durant son séjour là-bas, sa cousine a découvert que
lorsqu’une détenue déplaisait à certaines gardiennes, elles chargeaient
d’autres détenues de lui faire passer un sale quart-d’ heure, la soumettant à
des viols collectifs, sans que personne n’intervienne ! De mon retour de
Dakar, une des nouvelles qui m’a le plus bouleversée, à ce propos, est le cas
d’un de mes cousins décédé à la prison centrale de Libreville. D’abord arrêté
pour un simple vol, il verra par la suite son séjour derrière les barreaux
prolongés de plusieurs mois. Ce beau jeune homme frêle et assez timide
succombera des hémorragies causées par des viols répétés, durant des mois. Le
pire, c’est qu’il ne pouvait même pas dénoncer ses tortionnaires, car, une fois
cela fait, il aurait subi pire encore. Ce qui m’attriste le plus, c’est que
dans cet État dit démocratique et de droit, dont la devise serait Union-Travail-Justice,
les auteurs de ce crime dorment en paix aujourd’hui. Ces hommes qui, pour
assouvir leurs désirs homosexuels, n’ont rien trouvé de mieux que de violer des
jeunes garçons.
Je me souviens que lors de sa
visite à Dakar, le président américain avait quelque peu soulevé le sujet des
droits des homosexuels. Son hôte, le président sénégalais, Maky Sall, avait,
dans son discours, en substance, rétorqué sur le sujet en précisant que
l’homosexualité ne fait pas partie de nos mœurs, ici en Afrique, et que
l’occident se devait de les respecter. Mais au vue des comportements que
beaucoup affichent dans nos sociétés, et plus précisément dans mon pays, le
Gabon, je me demande ce qu’il en sera de ces mœurs dans les années à venir.
Finirons-nous par tous adopter le mariage Gay ? Finirons-nous par tous accepter
l’adoption pour les couples Gay ? Et qu’adviendra-t-il quand nos enfants
décideront, eux aussi, parce que c’est ce qui se fait actuellement ailleurs, de
changer de sexe, ou de ne plus en avoir ? Jusqu’à ce jour, le panurgisme
culturel ne nous a rendu, ni plus blancs, ni moins noirs, ni plus respectés, ni
moins humiliés, alors tâchons de bien réfléchir aux idéaux que nous voulons
transmettre à ceux qui nous succéderont.
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